Nos spécialistes du cinéma ont retrouvé un vieux documentaire réalisé en 1934 par une jeune allemande aussi ravissante que talentueuse, une certaine Leni Riefensthal. Vu ses indéniables qualités esthétiques et narratives, révolutionnaires pour l'époque, il est incompréhensible que ce véritable chef-d'oeuvre soit tombé dans l'oubli sans jamais connaître la juste gloire qui devait lui revenir. L'Organe réhabilite cette oeuvre majeure en la mettant à nouveau sous le feu des projecteurs.

Les cinéphiles de l'Organe ont retrouvé un vieux documentaire réalisé en 1934 par une jeune allemande aussi talentueuse que ravissante, une certaine Leni Riefensthal. Vu ses indéniables qualités esthétiques et narratives, révolutionnaires pour l'époque, il est incompréhensible que ce véritable chef-d'oeuvre soit tombé dans l'oubli sans jamais connaître la juste gloire devant revenir à toute oeuvre d'art majeure. Car il s'agit bien de cela: malgré l'injuste anonymat dans lequel l'histoire du cinéma l'a plongée, Leni Riefensthal s'impose avec son film comme l'égale de grands maîtres du septième art tels Eisenstein, Griffith, Gance ou Welles. Les critiques de l'époque ne s'y sont d'ailleurs pas trompés, puisque Le triomphe de la volonté fut primé au festival de Venise en 1936 et projeté dans le cadre de l'Exposition internationale de Paris en 1937, où il remporta un vif succès sous les applaudissements enthousiastes du public.

L'argument est singulier et a priori guère attractif puisque ce film a pour héros un petit brun moustachu au physique quelconque. Ce personnage aujourd'hui tombé dans l'oubli devait cependant être une importante vedette de l'époque puisque tout le film est articulé autour de lui. L'absence de séduction apparente de cet anti-héros est compensée par un charisme quasi surnaturel et un pouvoir de fascination des foules, qui semblent avoir atteint jusqu'à la réalisatrice et font une bonne part de l'intérêt du film. C'est une image de messie sauveur de l'humanité que Leni Riefenstahl tente de faire endosser à ce curieux personnage, et force est de reconnaître qu'elle y parvient avec une maestria que de grands maîtres du cinéma contemporains tels Woody Allen, Toledano & Nakache, Rose Bosch et autres réalisateurs virtuoses ne peuvent que lui envier: utilisation sublime du noir et blanc, rigoureuse composition graphique de chaque plan, longs travellings hypnotiques sur les foules, contre-plongées magnifiant les personnages, plans courts et montage cut rythmé par la musique, la jeune Leni Riefenstahl avait, déjà en 1934, tout compris de ce que deviendrait la grammaire cinématographique des décennies à venir, et ce sans jamais être passée par la Fémis.

On ignore le nom de la production qui a mis en chantier ce film, mais il devait s'agir d'un LucasFilms ou Disney de l'époque tant l'argent qui y est engagé semble considérable: des centaines de milliers de figurants sont constamment présents à l'écran, choisis avec un sens particulier du bon goût puisque tous les protagonistes sont blonds aux yeux clairs et dotés d'une impeccable plastique nordique. Les amateurs de beautés féminines haut de gamme trouveront d'ailleurs à son visionnage matière à se régaler les yeux car les femmes - appelées ici "gretchen" - y sont particulièrement séduisantes. En ce qui concerne la nationalité du film, à en juger par les sons guturaux que l'on y entend durant une heure trente-six minutes, il semble qu'il ait été tourné en allemagne (c'est en tout cas ce que nous précise Mr Ayrault, professeur d'allemand à Nantes).
Alors, pourquoi ce film si accompli est-il aujourd'hui tombé dans l'oubli au point que sa perfection formelle n'ait jamais droit de cité dans de prestigieuses revues culturelles comme Télérama, les Inrocks, le Monde ou Libé ? Mystère. Comme il est tout aussi mystérieux que ce chef-d'oeuvre soit toujours impossible à visionner en France, pays où une rumeur indique même que sa projection comme sa diffusion seraient interdits. Pourquoi ? Près de quatre-vingts ans après sa sortie, on se perd toujours en conjectures.
Bon film !
Alors, pourquoi ce film si accompli est-il aujourd'hui tombé dans l'oubli au point que sa perfection formelle n'ait jamais droit de cité dans de prestigieuses revues culturelles comme Télérama, les Inrocks, le Monde ou Libé ? Mystère. Comme il est tout aussi mystérieux que ce chef-d'oeuvre soit toujours impossible à visionner en France, pays où une rumeur indique même que sa projection comme sa diffusion seraient interdits. Pourquoi ? Près de quatre-vingts ans après sa sortie, on se perd toujours en conjectures.
Bon film !