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GRÈCE : LES INVASIONS BARBARES, ÉPISODE 1

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Un témoignage racontant l'immense apport culturel que représentent les migrants, injustement confrontés aux grecs racistes et islamophobes.
GRÈCE : LES INVASIONS BARBARES, ÉPISODE 1
Nous nous promenions au mois d'octobre, comme à chacune de nos vacances, sur les hauteurs de Lesvoç (Lesbos en français, terre du lesbianisme et de la débauche selon la mythologie). Depuis 5 ans, nous n'étions pas revenus. On allait, comme beaucoup d'habitants de l'île après le départ des touristes, taper dans la balle sur la plage, se baigner à poil en pleine nuit en évitant les anguilles et les méduses brûlant les couilles dans une eau ne descendant jamais en dessous de 22 degrés. Ou encore, louer une vieille barque à moteur pleine de trous pour aller picoler au milieu du lagon, contemplant ivres le décor de carte postale faisant également office de terre de nos ancêtres.  Tout cela, hélas ne sera plus que souvenirs enfouis dans un coin de nos cerveaux malades. Plus jamais, semble-t-il, nous ne revivrions ce passé révolu. Pourquoi, s'interrogeront les curieux qui liront ces quelques lignes, résonnant tel un nauséeux accès mélancolique ?

La faute à une situation improbable, inimaginable pour notre pays qui fut le seul avec la Yougoslavie à avoir viré les boches à coup de pied au cul, comme les turcs il y a 200 ans. En d'autres termes, c'est une invasion. Qui elle ne s'est pas faite à coups de sabres ou d'armes à feu, mais à coup de décrets, de lois, de statuts, et autres conventions des droits de l'hommes.
Ils pullulaient, devant nos yeux, à portée d'odeur. Se permettant en plus de nous regarder avec mépris, comme s'ils étaient des conquérants, leurs regards trahissant leur sinistre dessein.

On se ballade dans les rues de Moria, charmant petit village de notre enfance à 1km de la mer et non loin de Mytilène. C'est aussi là que se trouve le plus gros camp de migrants. On s'arrête à la taverne,  et autour d'un souvlaki et d'un verre de retsina, on discute avec Dimitrios, le patron, tenancier depuis 10 ans. Son témoignage nous hérisse les poils de cul : "J'en ai marre cette fois, j'ai décidé de me casser. Trois fois ils m'ont cassé ma vitrine ces fumiers ! Mon fils de 13 ans se fait sans arrêt insulter et menacer, on a dû l'envoyer à Athènes chez ses grands-parents. Mon voisin s'est pris un coup de couteau dans le bras ! J'ai eu droit à pleins de tags en arabe sur ma porte car j'ai appelé les flics. Dans le quartier, on s'est tous mobilisés, on a fait une plainte collective, ils ont fait une descente. Le lendemain, tous nos pneus de bagnoles étaient crevés ! Ils se croient chez eux ces enculés. Mais ça jamais ! On les foutra dehors comme on l'a déjà fait y'a 200 ans !".

On poursuit notre route, et on s'arrête chez Vasso, maraîchère bobo socialiste (il y a le drapeau du PASOK dans sa boutique), qui tient une petite épicerie bio à côté de la mer. Même constat :"Au début, on a même essayé d'être gentil avec eux, on leur a apporté des légumes, du pain, ce genre de choses. Et ça suffisait pas. Il y en a un, je me souviens, qui a balancé de la viande en pleine gueule de mon mari parce que c'était pas halal !". À la différence de Dimitrios, elle n'envisage pas de partir : "C'est ma terre, je suis née là et j'y crèverai.  On est quand même chez nous, merde !". Contrairement à la tarte à la crème rependue, les grecs miséreux ne sont pas solidaires des gens qui leur chient dessus. Et contrairement à une mauvaise traduction faite  par divers pseudo-historiens gauchistes, "Xenos", ne signifie pas à la fois "étranger et ami" (sic) il signifie le "métèque" étranger à la cité. Celui qui doit se montrer digne et accomplir quelque chose de spécial pour le Peuple afin d'espérer un jour devenir citoyen. Celui à qui rien n'est dû.

GRÈCE : LES INVASIONS BARBARES, ÉPISODE 1
Quelques jours plus tard, la fin de l'après-midi approche. Le soleil cogne moins fort, le vent se lève, la chaleur se fait moins étouffante et l'on se décide à aller à la plage. De l'autre côté de l'île, vers Vatera. Surprise ! C'est plein de migrants ! On s'arrête, on se gare, on descend de notre bagnole.

Bizarrement (sic), il n'y a pratiquement que des hommes. Quelques voilées, une ou deux Belphégor, sans plus. On ne voit que des types bien portants, ayant tous entre 20 et 40 ans, tous fringués avec des survètes de marque valant au moins 300 euros dans n'importe quel pays d'Europe, et surtout, des gros iPhones 7 dernier cris.  Ils en ont tous un. Voire deux.  Avant d'arriver sur la plage, on constate une horreur : deux maisons vides sont occupées illégalement par les barbares. Nous repensons alors à la bulle immobilière ayant frappé notre pays. Ces maisons toutes neuves devenues abandonnées, saisies par les banques et transformées par eux en poubelle. Nous arrivons sur la plage. Elle est dégueulasse. Tout y est : des déchets, des papiers, des mégots, des bouts de verre, des calecifs usagés, on y trouve même de la merde dans le sable ! Sans doute doit-il y avoir une sourate interdisant de chier dans la mer. On trouve un coin propre, à quelques mètres de leur décharge publique à ciel ouvert, puis on s'assoit. Vient alors l'heure de picoler. L'un de nous ouvre alors la bouteille de tequila 1er prix acheté au Lidl de Mytilène la veille. C'est là que les emmerdes commencent. Un migland s'approche. On entame à peine la bouteille, nous commençons à la faire tourner, comme de tradition dans notre si vieille culture où l'on avait pour usage de boire à plusieurs dans la même amphore avant de s'écrouler dans l'ivresse et la débauche lors des Panathénées. Il arrive devant nous. Il bredouille un truc en anglais ressemblant à "wa ya doin ire ?". On hausse les épaules. On lui répond en grec. Il rebredouille son truc en gueulant cette fois, avant de tenter d'arracher notre bouteille. On voit alors dans ses yeux toute la haine qu'il ressent. Il se met à meugler avec une voix d'excité une phrase qui sonne vaguement comme "alcool !!! sheitan !!!!". Notre pote résiste, lui reprend et lui dit que nous sommes chez nous. Trois autres types arrivent ensuite, toujours vêtus de leurs beaux sportswear flambants neufs. Surprise ! L'un d'eux parle anglais correctement (sans doute un futur Prix Nobel commandé par Merkel). Il nous dit de dégager, qu'ils sont chez eux que la plage c'est chez eux, et qu'ici, on ne boit pas d'alcool.

Le ton remonte. On dit qu'ici, c'est la Grèce, qu'il n'est pas chez lui, qu'il n'y sera jamais. Que son simple comportement suffit à faire de lui un paria. La foule commence à doubler de volume et les zoubidas s'emmêlent. Elles viennent nous hurler dessus. En arabe, ça va de soi. Devant eux, nous nous levons, mais nous ne partons pas. Nous continuons de picoler, un droit inaliénable puisque l'ivresse sur la voie publique n'est pas sanctionnée sauf en cas de trouble ou de mise en danger. Les insultes continuent de fuser. L'un de nous trois appelle les flics, malgré notre réticence. Non vis à vis de la horde halalisée, mais en pensant que nos pauvres collègues sont à bout, épuisés par 4 ans de passage de serpillière. On leur dit qu'on a appelé la police. Ils deviennent hystérique. Le seul parlant anglais de la bande hurle "Why police, why police ?". On doit lui expliquer : pour entrave à la liberté. Nous commençons, malgré notre calme, à avoir peur devant le troupeau enragé. Pour la première fois de notre existence lorsque, tout simplement, nous vivons. Fort heureusement, les grecs ne sont pas comme les usagers du métro parisien. Cinq pêcheurs du dimanche tout juste débarqués sur la plage viennent à notre rescousse. Et là, quelle stupéfaction (sic), le ton baisse. La meute cesse d'aboyer. Les policiers arrivent. Ils viennent demander ce qu'il se passe. L'arabe parlant anglais vient faire son caïd de banlieue disant "Oh m'sieur, y nous provokent". Le flic le fait taire ! C'est jouissif ! Il dit qu'ici, nous sommes libres, que leur religion n'est pas dominante, que trois jeunes ont le droit de boire, sur une plage, en fin d'après midi. Il explique aussi qu'en cas de nouvel incident, tout le monde sera embarqué. Le barbu lui hurle alors dessus en le traitant de raciste. Lui disant qu'il va "l'enculer".

Coup de théâtre ! Le policier sort sa matraque et lui donne un bon coup sur le coin de la gueule. Je dois l'avouer, on bande ! Ses collègues viennent alors l'aider, puis il est menotté et emmené au poste. Il sera sans doute hélas relâché dans quelques jours, au nom de la convention de Genève interdisant la "maltrétensse" contre les "pauvres malheureux" fuyant la guerre. Quant à la foule lyncheuse, elle a disparue. Elle n'est même plus sur la plage. Les rats ont déjà quitté le navire pour aller se réfugier dans la maison abandonnée toute neuve. Là où un couple de retraités se suicida, ruiné par leur propre banque après une vie de travail qui ne leur avait permis que d'acheter un (minuscule) coin de paradis décrit dans l'Iliade. On terminait la soirée. Nos compagnons d'infortune pêcheurs nous invitaient à la taverne pour terminer notre beuverie interrompue par ces métèques qui veulent nous imposer leur loi.

GRÈCE : LES INVASIONS BARBARES, ÉPISODE 1
La soirée fut très réussie. Même si nos souvenirs ne sont plus très clairs. Elle nous permit d'évacuer notre mésaventure dans des litres de tequila et de retsina. On pouvait désormais rentrer à Athènes, avec, tout de même un certain sentiment d'un petit devoir accompli. Celui du refus de céder devant l'invasion. Mais avec aussi une part de capitulation : On ne reviendra pas ici tant que les plages seront polluées. Une sorte, comme disait Thémistocle, de "repli tactique" avant la contre-invasion durant la bataille de Salamine. Alors qu'il a suffit pourtant, comme nous l'avons vu, d'un simple coup de matraque pour repousser les barbaresques. Le petit avion était là, à l'aéroport de Mytilène. On le prenait, il nous faudrait deux heures pour retourner à Athènes. Nous regardions une dernière fois le paysage, avec un poing au cœur. Et surtout avec cette répugnante sensation d'impuissance. Conscients que nous ne sommes que les dix millièmes témoins (et aussi un peu acteurs) d'un incident ne méritant même pas une ligne dans un canard local. Comme une résignation devant ce qui n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan des chroniques de la décivilisation ordinaire.


Reproduction autorisée, et même encouragée avec la mention suivante : © Pavlos Koutsikas, Kostas Giannakopoulos et A-B.


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